Dans le cinéma français, les femmes cinéastes s'agitent et marquent
des points. Deux d'entre elles seulement peuvent pourtant prétendre bricoler quelque chose qui ressemble à une image. Pas une image d'elles-mêmes, évidemment, mais bien une image de cinéma. Pascale Ferran et Claire Simon sont deux cinéastes littéralement accrochées à ce que pourrait être encore aujourd'hui, en ces temps d'icônes et d'ivresse, une image. Même si le champ d'investigation se réduit disons qu'il s'agit plutôt d'une image mentale , voici deux cinéastes qui cherchent, de près plutôt que de loin, à donner corps à cette image: un corps d'enfant imaginaire dans Sinon oui, sur lequel on reviendra vendredi, un corps d'enfant grandi trop vite dans Petits arrangements avec les morts. Dire qu'on retrouve dans le film de Pascale Ferran quelque chose de la fièvre salingerienne dit peut-être l'ambition de cette partition pour enfants et adultes, accrochée à chaque mot comme à une relique, un talisman. La magie du film, c'est de réussir, sans jamais s'y référer explicitement, à donner au langage parlé/écrit de JD Salinger une sorte d'équivalent parlé/filmé, laissant bien sûr au moindre mot d'enfant, au moindre mot d'adulte, sa part d'intensité et de dérisoire.
Qu'est-ce qui définit un enfant, un adulte, une famille, une tribu? Interrogations pointues sur des questions banales, rarement posées au cinéma. De quelle sorte de méfiance envers la poésie naît la poésie? Qu'est-ce qu'un souvenir d'enfant dans la b