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Libération

Après coup. Mort d'un skipper.

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publié le 26 octobre 1999 à 0h58

TF1 diffuse les images dimanche soir, en ouverture du JT de 20

heures, et France 2, un quart d'heure plus tard. Elles ont été tournées, avec une caméra vidéo, par l'un des deux skippers du voilier la Trinitaine, juste après le naufrage de Groupe-André, le trimaran de Paul Vatine et Jean Maurel. Au loin, entre les vagues et l'horizon, on voit le bateau renversé, ventre à l'air, comme un grand poisson mort. Il y a une tâche rouge-orange dessus: un homme, Jean Maurel. «Ooooh! Ooooh! Fffff! Fffff!», s'égosille et siffle l'un des skippers de la Trinitaine, tandis que l'autre tourne. L'image balance, va et vient dans la houle. Le ciel est bleu. A cet instant, les deux marins voient qu'il y a eu naufrage, mais ils ne savent pas que Paul Vatine est passé par dessus bord. Ils vont le découvrir en filmant: ils donnent à voir en direct leur approche du malheur, de la fin de l'un des leurs. On a déjà vu des images tournées par un skipper: de plus en plus, ces vagabonds des mers se filment quand, par hasard ou par nécessité, ils se croisent, se touchent, s'entraident. La mer est leur intérieur, leur jardin. Ils y cultivent des amitiés, des souvenirs. Il arrive, comme ce soir, que ces souvenirs soient donnés à des amis journalistes, ou vendus, puis diffusés. Mais cette fois, il y a autre chose: un drame vécu en direct. Ce à quoi on assiste, c'est une cérémonie funèbre, un enterrement vidéo en mer. La Trinitaine avance lentement, et à mesure que l'épave est plus proche, les cris de skippe