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Libération
Critique

Sinon, oui. Arte, 23 h50.

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publié le 29 octobre 1999 à 1h24

Biscornus, les beaux films. A l'évidence, Sinon, oui ne raconte pas

l'histoire d'une femme qui s'imagine enceinte, mais celle d'une femme que personne ne veut écouter. Si c'est comme ça, on va voir. Cet enfant-là, on va le voir. Elle ne sait pas encore comment, mais elle l'aura. Comment naît une image? Une image dans la tête et une image de cinéma, est-ce la même chose? Programme ambitieux pour un cinéma décalé, qui se propose rien moins que d'explorer la folie d'un personnage de l'intérieur, en restant toujours installé sagement devant lui, à attendre. Dès qu'on regarde un personnage, un homme, une femme, en attendant que le temps modifie la vision qu'on a de lui, on est dans la religion. Le classicisme, au cinéma, c'est la religion du regard. La patience, la transparence. La folie tranquille, quotidienne, patiente, de cette jeune femme qui s'imagine enceinte au point de mettre en scène, jour après jour, cette folie, c'est du côté d'Ordet et de Dreyer qu'il faut la chercher. Non que Claire Simon se réclame d'un cinéma de la transcendance, elle bricole plutôt du côté du rapport entre sentimentalité et réalisme, documentaire et mélodrame, minutie et excès. Quelque chose comme le scénario d'Elle et Lui filmé par Robert Flaherty. Rien des débordements formels de Forman (Vol au-dessus d'un nid de coucous), Kubrick (Shining), Von Trier (Breaking the Waves), voire même Fuller ou Cassavetes, meilleurs cinéastes, qui se sont eux aussi contentés de clichés sur la folie.

S'agit-il seu