Menu
Libération
Critique

Sur les traces des Black Panthers. Une rencontre funky avec des vétérans du mouvement noir. «Public Enemy», documentaire. Arte, 22 h 20.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 octobre 1999 à 1h24

A première ouïe, Chic n'est pas exactement perçu comme le groupe le

plus révolutionnaire de la planète (politiquement s'entend). Pourtant, Nile Rogers, le guitariste du groupe, auteur du petit riff qui obsède Good Times, a fait partie des Black Panthers. C'est l'une des nombreuses et précieuses informations qui émaillent Public Enemy, un titre très rap pour un docu très funky consacré au collectif enragé d'émancipation des Noirs américains. Nile Rodgers ne se contente pas d'y apparaître comme témoin historique aux côtés des anciens militants Bobby Seale ou Kathleen Cleaver. Il a aussi réalisé la bande-son du film, lui donnant un très paradoxal et touchant tempo. L'alliage de cette bande-son avec la collecte des témoignages fonctionne plus que bien, puisque Public Enemy parvient rien moins qu'à redonner corps, sensualité et musicalité à un projet révolutionnaire très dur. Les Black Panthers voulaient éradiquer ces «porcs de flics racistes» par tous les moyens légaux (le droit constitutionnel de porter une arme par exemple). Ils ont touché la mort de près: une trentaine d'entre eux y sont passés. Ils développaient une méthode, une discipline et un projet très radicaux. Mais, à part Bobby Seale qui énerve par son côté vétéran radoteur, les autres «survivants» prouvent ici qu'un projet révolutionnaire est parfaitement consubstantiel d'un certain hédonisme, et montrent comment ils ont finalement assez bien géré leurs désillusions. «C'est l'humour qui nous a sauvé», dit Kathleen C