On lui avait tellement seriné que l'avenir appartient à ceux qui se
lèvent tôt que le jeune chômeur s'était procuré un décodeur. Paré à subir les bienfaits matinaux d'une émission subliminale, baptisée le Journal de l'emploi, qui lui permettrait peut-être de donner un véritable sens à sa vie. Mercredi était jour dévolu à la formation; malheureusement, ce ne fut pas l'annonce du prochain Festival des métiers de la montagne à Chambéry, pour «faire de votre passion un métier», ni une proposition pour devenir métrologue, «des gens qui maîtrisent tout, et calculent tout», qui le séduisirent. Quant au clip crétinissime censé illustrer la filière dite du technicien supérieur en électronique, il le laissa chancelant. Il ressortit donc fort déçu de cette triste expérience et peu remotivé, alors qu'il n'était que 7 h 40.
Le jeune chômeur se dit que demain serait un autre jour, alors il se recoucha et zappa furieusement. Avant de tomber en arrêt. Personne ne lui avait parlé du Rotato, et ce fut comme une révélation. Le Rotato est un magistral ustensile à manivelle dont l'usage fut disséqué pendant une bonne demi-heure sur TMC. Rien et beaucoup à la fois, le Rotato. Une belle machine à pluches. Il suffit «d'ajuster le bras automatique adaptable, puis d'observer la lame inoxydable», qui, actionnée manuellement, va dépecer de façon millimétrée fruits et légumes. Subjugué par un certain Tony, habillé en cuisinier et équipé d'un petit accessoire humain nommée Mindy, le jeune chômeur en rit d'