Les mythes, c'est un peu comme le couscous réchauffé. Il reste
toujours un ou deux grains de semoule à racler au fond du plat, même après un an et demi de recuisson. Dans la nuit que consacre Canal+ à Titanic (le film, 20 h 40), Titanic (le réalisateur, 23h45), Titanic (LE film d'archives muet, 0h40), Titanic (le film de 1958, 0h50), Titanic (les effets spéciaux, 2h45) et Titanic (l'anatomie du naufrage, 3h25), il y a un petit grain de semoule mystique qui colle bien avec le siècle agonisant et ce putain de réveillon qu'il va falloir meubler. C'est James Cameron qui l'évoque dans une interview-portrait, retraçant son oeuvre et les conditions du tournage. «Titanic parle bien de la fin du monde, explique-t-il, parce que ce navire représentait un microcosme de notre monde. Tout ce qui caractérise le XXe siècle était sur ce bateau. ["] Tout ce luxe, toute cette technologie, c'était de la science-fiction pour eux, destinés avant tout aux riches, à une élite.» L'idée n'est pas spécialement originale. Elle a largement été pointée par les critiques lors de la sortie du film. Mais, bizarrement, elle prend du poids dans la bouche de ce réalisateur au visage impassible, pas si éloigné des cyborgs T1000 créés pour Terminator. L'ingénieur sensible James Cameron dit également qu'«il a fallu faire d'une épave un plateau de tournage». La fin du monde, c'est toujours le début d'un autre. Un extrait du film montre un prêtre accroché au bastingage. Pendant que les passagers hurlent, tombent à l