Il y a des jours comme ça où on ferait mieux de laisser fumer
l'andouille doucement, à la braise, plutôt que d'attendre confit devant son poste en rêvant à l'Auberge de l'Ecran qui recule. Bernés, bernés. Parce que, des fonds de vallées aux hameaux d'altitude, la ruralité s'était soudain mise à rêver. Et nous avec. On attendait le coup de Klaxon, la camionnette avec une antenne ronde sur le toit qui déboulerait sur le chemin de terre. Le retour de Jeannot-la-boulange et de ses miches qui font la semaine? Les viandes faisandées du boucher de la sous-pref' qui nourrira la fratrie jusqu'à la fonte des neiges? Pas du tout. On l'attendait, parce que c'est lui qui conduit, le «JRI» de i-télévision, chaîne toute info dont, avant même le lancement, la direction de la communication vantait la large autonomie de fonctionnement et les revendications salariales peu enlevées. Alors que la désertification des villages, des corps et aussi des âmes menacent l'équilibre de la nation, l'opération avait de quoi faire frétiller. De l'information dite de proximité, du quasi-direct, du montage numérique dans l'estafette, du «toi aussi, passe à la télé», du «c'est arrivé à côté de ta maison et, sans nous, tu ne serais pas au courant».
Dire qu'on attendait ça avec impatience relèverait d'une fourberie bien parisienne. Pourtant, hier, vers 11 h 50, on s'y mit. C'était sur le Canal 20. Désespoir. «Ils arrivent, il arrivent», aurait pu crier au ralenti une poignée d'enfants en short de velours, qui ven