Les pompes funèbres sont un bien beau métier. Mais quand les gens ne
daignent pas mourir en assez grand nombre, les affaires vont mal. Déficit de la demande, excès de l'offre, et voilà de beaux cercueils qui vous restent sur les bras. Alors pourquoi ne pas «stimuler» un peu le marché? C'est ce à quoi s'emploient deux croque-morts de choc, Vincent Price et Peter Lorre, en zigouillant quelques-uns de leurs voisins. Rarement entrepreneurs ont déployé autant d'énergie pour sauver leur PME. Hélas! leurs victimes se révéleront soit insolvables soit increvables, et nos deux amis finiront par douter des vertus de la libre entreprise.
Alors que l'on a encore dans les naseaux le parfum discret des chrysanthèmes de la Toussaint, le film de Jacques Tourneur (fils du grand Maurice) nous offre une deuxième fête des morts, beaucoup plus gaie celle-là, et en PathéColor s'il vous plaît. Vincent Price démontre des qualités de grand déconneur qu'on ne lui soupçonnait pas. Peter Lorre, bouffi et globuleux comme jamais, est au sommet du pathétique. Pour faire bonne mesure, le casting convoque aussi Boris Karloff et Basil Rathbone dans des rôles secondaires. Le tout est d'un humour dévastateur, parfois abstrait, parfois téléphoné, mais résolument délirant. Tourneur fils n'a certes pas la vivacité d'un Capra ni la suave férocité d'un Wilder, et ce film de 1964 a pas mal vieilli. Mais avec un tel scénario, les acteurs n'ont aucune difficulté à faire péter la baraque.
Un film qui s'ouvre sur un enter