Le cobaye, c'est Dominique Eudes, un collaborateur de Paris Match
qui découvre après un banal examen qu'il est métastasé au dernier degré. La «saison du cobaye», ce sont les six mois de traitement expérimental ultraviolent subi par lui aux Etats-Unis et, accessoirement, le titre du film de Jean-Michel Carré consacré à cette near death experience. Dominique Eudes présente aussi l'avantage d'être un bon cobaye télévisuel: grande gueule, bon vivant et intello, il a passablement réfléchi à son histoire. Il la livre ici en forme de «théorie de la chance», et cette théorie nous rappelle que la chance ne pèse pas lourd face à un volontarisme surhumain, une soumission extrême au corps médical et une psychologie de mineur de fond. «Face à la souffrance, je m'étais forgé une philosophie béton: ne jamais oublier que ça allait s'arrêter, que je l'avais voulu. J'avais une formule: la souffrance est volatile», explique-t-il. Le film tient debout grâce à la capacité de son «héros» à transformer une expérience très clinique, donc très prosaïque, en aventure intellectuelle et même sensorielle. Eudes raconte par exemple comment, perclus de sondes et de catétères, il a pu survivre avec un autre câble, celui du téléphone, «une perfusion permanente d'amitié», dit-il un peu bêtement. Carré parvient souvent à rendre le rapport fusionnel, gourmand et lyrique que Dominique Eudes a entretenu pendant cette période avec les éléments: la mer qui le reconstitue comme un bain amniotique après chaque trai