Hollywood, le 21 août 1963
Il est 12 h 56, les projecteurs viennent de s'éteindre sur le plateau principal de la Warner. Un jeune journaliste, les bras serrés sur un magnétophone préhistorique, se dirige en tremblant à travers des cactus en carton-pâte et un saloon en contreplaqué, vers l'un des hommes qu'il admire le plus au monde. C'est un cinéaste de soixante-seize ans, solide comme un roc. Il tourne un western, A Distant Trumpet, sans se douter que ce sera son dernier film. Je suis mort de peur. C'est moi qui interprète le rôle du journaliste ce jour-là.
Paris, le 10 novembre 1999 Quatrième Walsh d'affilée sur Ciné Classics, qui rattrape son retard sur Cinétoile en matière de cycle rétrospectif. Un John Wayne, deux Errol Flynn et, ce soir, le film le plus désespéré de Bogart, High Sierra , dont Walsh lui-même fera un remake western encore plus beau, Colorado Territory. Les années quarante, la grande époque, un art de la vitesse et de la rêverie inégalés. Et la révélation d'un grand maître du cinéma pour une nouvelle génération qui ne connaît, la faute à la télé, que Ford, Hitchcock et Rohmer. Le cinéma n'est plus, pour le meilleur et pour le pire, que ce qu'en font Brion (FR 3) ou Ollé-Laprune (Ciné Classics), bricoleurs amoureux tout-puissants, petits Langlois de l'ombre, professeurs de cinéma pour la dernière école du millénaire, la télévision. Hollywood, le 21 août 1963 Raoul Walsh est timide et méfiant. Aujourd'hui, il se contente d'un méchant morceau de coton coincé