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Libération
Critique

Les racines du mal. Film réussi sur une enfant violée. A nous de faire face. «Voleurs d'enfance», téléfilm, Arte, 20 h 45.

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publié le 12 novembre 1999 à 1h54

C'est énervant, les histoires de sauvetage exemplaire, les calvaires

initiatiques avec armure de réalisme intacte et guerre psychologique préalable: vous allez déguster, on a tout prévu (lire ci-dessous). On n'a pas envie de voir l'enfer de Kerry, anglaise de 11 ans violée par son beau-père et un éducateur social censé la protéger, prostituée par son père et, on n'aurait pas osé l'imaginer, violée par sa mère qui, par ailleurs, la met dans un placard ou lui demande devant des amis d'enlever la culotte d'un monsieur. On a encore moins envie de savoir que l'histoire est vraie, prouvée, vérifiée pendant deux ans par le réalisateur, seuls les noms et lieux ayant été changés. On bataille, mais le coup est bien ajusté, l'ennemi s'est blindé, ça fait mal. On aurait préféré un piteux mélo qui se serait planté, parce que, en faisant un quasi sans faute, Voleurs d'enfance nous installe dans le rôle qui nous fait honte: le lâche ordinaire regardant une enfant, tuée dans l'oeuf, survivre (elle est maintenant assistante sociale), mais sans nous et sans l'Etat, qui la lâche en ne poursuivant pas ses tortionnaires. On se raccroche au professeur qui a bien pigé pourquoi Kerry ne fait jamais ses devoirs, mais ne la sauvera pas jusqu'au bout. Quand le responsable de foyer d'accueil débonnaire vire au pédophile psychopathe, on veut décrocher. On refuse ce personnage, et de se faire complice en devinant la scène pendant qu'il la commet. Puisque ce n'est pas filmé, ce n'est pas filmable. Kerry, c