Il y a un peu plus d'un an, Patrice Chéreau menait un atelier avec
des élèves de troisième année du Conservatoire national d'art dramatique autour de scènes de Henry VI et Richard III de Shakespeare. Mieux qu'une leçon, ce sont les différentes étapes représentatives du processus de création d'un spectacle donné à la Manufacture des oeillets en novembre 1998 que l'on pourra voir sous forme d'épisodes: le travail à la table; scènes de groupe; monologue; le choeur des femmes. Chéreau n'intervient pas en professeur mais en metteur en scène, s'impliquant entièrement pour accompagner ces jeunes gens jusqu'à la représentation. A la manière d'un chef d'orchestre, il les dirige de tout son corps, sur le plateau, expliquant physiquement à chacun les ressorts du texte, sans les étouffer d'informations historiques mais dans une approche concrète de l'action scénique avec, très en amont déjà, un sens inouï de l'espace et des déplacements. Le film de Stéphane Metge livre aussi de beaux portraits de ces jeunes garçons et filles au tout début de leur vie d'acteur. A mesure que le travail progresse, les personnages prennent de l'épaisseur et l'on voit s'opérer la métamorphose du comédien. Ceux qui paraissaient presque fades au départ, voire éprouvaient de vraies difficultés de lecture, se révèlent tout autres dans le mouvement du jeu. La série, en cinq épisodes, s'achèvera le 12 décembre par des paroles d'élèves dont celle-ci: «Qui ne connaît pas Patrice Chéreau? Travailler avec lui c'e