Bernard Tapie met les doigts dans sa bouche, un peu comme si sa dent
creuse était pleine. Paul Amar, s'agrippe à la télécommande. Entre les deux gros fauteuils qui leur ramollissent la colonne vertébrale, il y a un projecteur prêt à lâcher quelques images pas encore sépia, mais déjà vieillies. Vendredi soir, c'était soirée diapos pour ces deux-là. Ils ont, après tout, quelques souvenirs en commun" Paul Amar préfère les retrouvailles discrètes. Il les a donc inscrites à ses horaires du câble, sur Paris Première. Là, son émission Recto-Verso consiste à faire réagir un invité au film de sa vie. Cette fois, pourtant, il ne peut jouer les projectionnistes confidents. Forcément, on les regarde comme deux vedettes déchues presque tombées ensemble. On s'attend à voir passer le journaliste sur la bobine, comme le petit beau-frère qui suit Rocky avec le sac et les gants de boxe. Le matériel a probablement été remisé avec les vieux accessoires de la télé, sans même jamais avoir servi. Mais mérite de figurer à la rétrospective.
Ça défile gentiment: Tapie qui chante, qui flambe, qui shoote, qui enlace Mitterrand, et qui finit par tomber sur le même ring que le patron du Front national. «L'affrontement avec Le Pen vous en gardez quel souvenir?» interroge le plus innocemment qu'il peut l'ancien présentateur du JT. Et Tapie, qui comme le téléspectateur, n'a à la vue d'Amar qu'un seul souvenir: «Lequel celui avec vous?». «Non, non, l'autre, le premier"», s'empresse de bafouiller Amar, bien for