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Libération
Critique

Cuba sans idéaux et sans clichés. Une fiction où tout le monde se moque bien de la révolution. «Couleur Havane», téléfilm. Arte, 22 h 35.

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publié le 15 novembre 1999 à 1h44

Vous avez parfaitement le droit d'en avoir ras le bol de Cuba, la

dernière destination en vogue, tellement pauvre et tellement chaleureuse, tellement exotique (ces communistes décadents) avec sa musique si facile à repomper. La «couleur locale» de ce Couleur Havane (à part «Cigarillos et Che», plus racoleur, c'est dur) peut donc exaspérer, mais Patrick Grandperret, réalisateur de l'Enfant lion, aidé pour cette collection d'Arte par une documentariste, Carmen Castillo, a su éviter la plupart des clichés. Pas tous (ça danse beaucoup et les filles sont faciles), mais presque. Il a surtout travaillé ses personnages. Pierre, ancien révolutionnaire, recherche la femme qu'il croit avoir laissé se faire arrêter il y a vingt ans. Il a écrit une pièce de théâtre sur cette histoire. Nico la met en scène, mais sans conviction. Il peste contre les décors, les costumes, veut couper dans le texte, mais ne sait pas ce qu'il veut. Patrick Bouchitey est jouissif dans ce rôle de vrai méchant mielleux, mauvais metteur en scène et exécrable cynique. Pablito, lui, est un jeune «local» qui ne perd pas le nord. Il profite des Français, ne se pose aucune question, et, comme tous ses compatriotes, nourrit sa famille avec de petites magouilles. Il flirte avec Nathalie, Française qui, à l'origine, était avec Pierre. Elle et Pablito forment un parfait couple moderne, hypocrite et blasé. Pablito se moque de la révolution, Nathalie trompe le révolutionnaire Pierre, et Nico se fout de sa pièce révolutionnai