Berlin, de notre correspondante.
«Prenez exemple sur ces héros allemands»: les habitués de la Tageszeitung (ou Taz de son petit nom) ont eu un choc ce week-end en découvrant la manchette de leur quotidien. Le journal, fondé en 1979 en s'inspirant du modèle de Libération, et connu depuis pour son esprit critique, s'est mis soudain à distribuer poncifs et compliments. En une, trois personnages qu'en temps normal il aurait lacéré de ses banderilles, se sont retrouvés portés aux nues: le ministre vert des Affaires étrangères Joschka Fischer, l'entraîneur de l'équipe nationale de foot Erich Ribbeck et l'ancien ministre social-démocrate des Finances Oskar Lafontaine. Le premier vend des chars à la Turquie et respire la joie de vivre, le deuxième garde un optimisme inébranlable malgré les défaites en série de l'équipe allemande, et le troisième a expliqué avoir démissionné pour s'occuper de sa vieille mère, rapporte la Taz, invitant ses lecteurs à prendre modèle sur ces trois «héros allemands».
Automutilation. Ce bel exemple de presse résolument positive risque pourtant de décevoir ceux qui, en Allemagne ou ailleurs, exhortent les médias à ne pas voir toujours que les trains qui déraillent et les millions qui s'égarent, pour se faire aussi plus souvent les vecteurs de bonnes nouvelles. Cette «Taz-light», allégée d'esprit critique, n'est en effet que la dernière facétie de la taz pour attirer de nouveaux abonnés: s'automutiler pour faire sentir à ses lecteurs ce qu'ils perdraient si e