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Libération
Critique

Ennemis intimes.

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publié le 17 novembre 1999 à 1h42

Il nous parle d'un temps, le sien. «J'allais dire de mon temps, on

apprenait qu'il y avait la bourgeoisie, la grande, la moyenne, la petite, le prolétariat, l'aristocratie ouvrière"», explique Jean-Pierre Chevènement. «C'était quand votre temps?» lui demande Daniel Cohn-Bendit. ­ «C'était avant que vous veniez asséner l'équation CRS-SS.» ­ «C'était il y a longtemps! Je venais d'où? De la planète Mars?» Arlette Chabot sent que ça prend, il y a comme une vieille haine recuite qui ne demande qu'à surgir: «Ce que vous dites, c'est que ce qui se passe est l'héritage de la période où l'on disait: "Il est interdit d'interdire.» Réponse du ministre de l'Intérieur: «Ceux qui ont professé cette doctrine, il y a déjà très longtemps (manière de dire qu'il il n'y a pas qu'un spécimen du musée Grévin sur le plateau), ont involontairement contribué à installer le laxisme. On le voit à l'école, on le voit avec la démission des parents.» Cohn-Bendit soupire. Sur les écrans, France 2 diffuse en boucle des casseurs de vitrines en plein travail. Maudit goudron qui les prive de pavés. Sans lui, d'aucuns tenteraient bien de faire passer les reportages d'aujourd'hui pour une version colorisée d'hier. Ils nous racontent le temps qui a passé sur eux. A droite, celui que l'on imagine n'avoir jamais été jeune, à gauche, un acharné des cures de jouvence. Jean-Pierre Chevènement et Daniel Cohn-Bendit, qui ne correspondaient jusqu'ici que par missiles, se sont retrouvés lundi soir sur un plateau de Mo