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Libération
Critique

En grève pour sauver le patron. Retour sur un conflit très médiatique à l'usine Gautier. «Vive les patrons», dans «Envoyé spécial», France 2, 20 h 55.

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publié le 18 novembre 1999 à 1h41

Les bulldozers d'Envoyé spécial se sont pour une fois mis en vitesse

lente, pelle au ras du sol, pour autopsier un conflit social énigmatique. Au mois de septembre dernier, les salariés de l'usine de meubles Gautier, installée en Vendée, arrêtent le travail dix jours pour réclamer la réintégration de leur directeur général. Celui-ci vient d'être sommé de quitter son poste par l'actionnaire parisien de l'entreprise. Les employés ne supportent pas cette éviction au motif que Dominique Soulard (c'est son nom) a réussi à redresser la boîte et à maintenir les emplois. Evidemment, cette problématique rarissime ­ des ouvriers qui se mettent en grève pour leur patron, c'est un peu de la SF ­ ameute cette entité étrange qu'on appelle l'«opinion publique». Les journalistes affluent (presse locale puis presse nationale). Les hommes politiques aussi (Philippe de Villiers se fend d'un pathétique: «Je vous ai compris»). Bref, l'histoire est récupérée à mort. Tout le mérite du reportage de Patrice Romedenne et de Christophe Dechasset tient justement dans l'extrême distance (limite méprisante) qu'ils entretiennent avec leur «sujet». L'émulsion médiatique est décortiquée. Les leaders syndicaux racontent, par exemple, comment ils ont travaillé le «positionnement» du conflit sur le thème vendeur: «des ouvriers défendent leur patron». «Lorsqu'on touchera le Monde, ce sera intéressant», dit également l'un d'eux. Mais les auteurs du 26 minutes n'oublient pas de partir à la pêche aux causes plu