Si l'île de Taiwan ne vous évoque que les mots Mirage 2000,
frégates, Mnef ou bien encore électronique pas chère, on ne saurait trop vous conseiller de vous mettre ce soir dans le sillage d'Arte, dont la Thema est consacrée à Formose (Taiwan fut ainsi baptisée au XVIe siècle par les Portugais). On comprendra assez vite que des frégates, l'île de Taiwan en a bien besoin pour dissuader la Chine populaire de la considérer comme sa «22e province». La peur des militaires du continent est permanente. Mais Taiwan, qui paradoxalement commerce et investit en Chine sans trop y regarder, ne donne pourtant pas l'impression d'un pays sur le qui-vive. Taiwan renvoie l'image d'un pays prospère (le niveau de vie y est comparable à celui de l'Europe) et démocratique (le président y est élu au suffrage universel). Toutes choses durement acquises quand on se penche sur son histoire tourmentée. Colonisés par les Japonais pendant un demi-siècle, les Taïwanais (qui parlent une langue distincte de celle des Chinois) sont envahis en 1945 par les Chinois nationalistes du continent, qui finiront par s'y installer définitivement en 1949, pour cause de guerre perdue contre les communistes de Mao. Mais une réforme agraire réussie et l'aide massive des Etats-Unis, qui se servent de Taiwan comme d'un porte-avions antirouges, parviendra à mettre l'île sur le cap du «miracle économique». La dictature sévira jusqu'en 1987. Et les dissidents d'hier, qui ont passé de nombreuses années en prison, ne sont pas loi