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Libération
Critique

Police. France 3, 20 h 55.

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publié le 22 novembre 1999 à 1h37

Juger Pialat, son naturalisme, ses effets, son efficacité, sa

vitesse, avec les yeux d'un enfant qui jouerait au jeu des sept familles sur une console préhistorique. Plutôt que de voir Police comme un hybride de Renoir et Cassavetes, y chercher les traces prémonitoires de cette énergie interactive qui joue à jouer, au même moment, aux quatre coins de la planète. Savait pas, Pialat, qu'on en arriverait là. Se serait coupé l'oreille s'il avait su. A travaillé à ça, pourtant. Ralentissements, accélérations, contre-emplois. N'y a-t-il pas là comme une estampe au fauvisme pixel, une visite du Louvre en trois coups de pinceau vidéo? Travailler la petite Sophie Marceau au corps, lui tirer des cris de Laura Palmer, des couinements de Lara Croft. Vite, vite, avant que la partie ne soit finie"Déshabiller ses rondeurs, griffer ses joues, flétrir sa jeunesse grassouillette. Un vrai flipper sado-maso, un porno échoué à Barbès, avant le raï, avant la mode arabe, du temps où Jean-Marie le Pen faisait des voix. Richard Anconina n'avait pas encore tourné la Vérité si je mens. On pouvait à la rigueur, à l'extrême rigueur, lui faire jouer un rôle d'avocat. Catherine Breillat n'avait pas encore dirigé Rocco Siffredi, Pialat pouvait réécrire son scénario sans lui demander son avis. Depardieu, lui, n'avait pas eu le temps de grossir comme une patate, ni le temps de maigrir, ni le temps de grossir encore, ni même le temps de jouer Obélisk avec des accents balzaciens. En ce temps-là, Maurice Piala