Le plus beau film du monde à l'épreuve du jeu vidéo? Pour beaucoup
de cinéphiles, pas les plus cons, Elle et lui est en effet l'apogée, la perfection du mélodrame hollywoodien. En 1957, à deux ans de distance de Rio Bravo, film qui clôt symboliquement le système des grands studios, Leo McCarey, un cinéaste encore plus grand que Hawks, plus grand qu'Hitchcock, plus grand que Ford, concentre en un seul film les plus grandes qualités du classicisme finissant. Elle et lui? Amours, accidents, accélérations, ralentissements, dernière croisière de grand luxe vers le territoire exotique des sentiments. Un jeu vidéo? Pas encore. Pas tout à fait. Quelles touches actionner, aujourd'hui, pour que Cary Grant rejoigne Deborah Kerr au son des plus beaux violons de Noël?
Aujourd'hui, on ne sait plus. Aujourd'hui, Ally McBeal mouille nos yeux de ses lèvres moites, de ses désirs frottés, de son asthme sentimental. Aujourd'hui, la télé a envahi nos maisons. Le cinéma est loin. Elle et lui aussi est très loin. Loin, le bronzage parfait de Cary Grant. Loin, la rousseur rebelle de Deborah Kerr. Loin, le génie définitif de McCarey, inventeur de Laurel et Hardy, couple définitivement sublime, définitivement travelo, aussi muet et aussi drôle que le plus beau Charlot. Si on avait la possibilité, là, d'un coup de manette, de mettre une autre nana dans les pattes de Cary Grant, combien résisteraient? Si on pouvait estropier davantage Deborah Kerr, reculer encore le happy end, faire tomber Cary Grant à