Dieu ne joue pas aux dés, a dit l'autre. Le simple mortel si. Bien
obligé, car, qu'on se le dise, notre vie est dirigée par le hasard. C'est au moins ce que veut démontrer Aléas, honnête émission nocturne. Sur les quatre reportages de cette nuit, le téléspectateur choisira les deux premiers, soit l'histoire d'une poule solaire au pays de Rimbaud puis d'une princesse perdue dans les mouvements de l'Histoire.
Soit donc, dans les Ardennes, chez monsieur Lardennois précisément, le 12 août 1999, lendemain d'éclipse solaire, une poule assise sur son auguste croupion. Monsieur Lardennois comme chaque matin recueille les fruits de son labeur nocturne et voilà-t'y-pas qu'apparaît sur l'un des oeufs un soleil, bien gravé, bien net. Qu'est-ce à dire? Monsieur Lardennois n'aime pas les mystères. Il commence son enquête, suivi par la caméra de Lise Déramond. Visite chez une artiste peintre qui, sans se gêner, lance au pauvre Lardennois: «Savez-vous que tout a été éclipsé par Rimbaud?» Tout retourné, il convoque la science vétérinaire (docte mais de peu de secours ), un radiesthésiste (qui, d'un coup de pendule, désigne la poule coupable, mais désespérément muette), un prêtre (sans soutane mais au bon coeur). Le spectateur, qui joue aux dés sans forcément croire au hasard, sourit et peut-être déplore qu'on mêle le Rimb' à cette histoire d'oeuf sorti du derrière d'une poule en omettant de citer le sonnet du trou du cul de fameuse mémoire. Coup de dés suivant et voici Caroline qui aurait pu