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Libération
Critique

Les Bas-Fonds. Ciné Classics, 20 h 30.

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publié le 29 novembre 1999 à 1h29

S'il y a un cinéaste étranger à la problématique de l'interactivité

gamine et du jeu vidéo, dira-t-on, c'est bien Renoir. Sûr qu'on dira ça. Impossible d'imaginer des produits dérivés aux Bas-Fonds. Ah bon? L'adolescence, la bêtise, la superficialité, le jeu, l'entrain, voici pourtant des angles inédits pas plus bêtes que d'autres pour cerner le jeune Renoir. Il a 42 ans en 1936 quand il tourne les Bas-Fonds, une adaptation curieusement francisée du livre de Gorki avec Gabin et Jouvet, deux Power Rangers des années trente. Le cambrioleur prolo, l'aristocrate ruiné, l'amitié qui transcende les barrières de classe, un thème que Renoir reprend quelques mois plus tard dans la Grande Illusion et qui le travaillera tardivement jusqu'au Caporal épinglé (Claude Brasseur et Jean-Pierre Cassel, aussi mal assortis socialement que Gabin et Jouvet dans les Bas-Fonds ou Gabin et Fresnay dans la Grande Illusion). Tous pareils, tous différents: ou comment Jean Renoir, le fils du peintre, essaye comme son père de s'acoquiner avec les petites gens, de partager leurs plaisirs, au risque du ridicule ou du couac (le Déjeuner sur l'herbe), au risque de l'idéalisation niaise ou du gâtisme précoce, danger qui guette précisément les artistes qui s'essayent à l'universel.

Les Bas-Fonds suscite en nous un mélange de gêne et d'admiration devant l'étrange abâtardissement stylistique auquel se risque Renoir: théâtralisation extrême, lyophilisation naturaliste des sentiments. Comme si la recherche du natu