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Libération
Critique

Diner. Paris Première, 22 h 30.

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publié le 30 novembre 1999 à 1h29

Barry Levinson est un drôle de bonhomme. Capable du meilleur (Diner,

Tin Men, le Meilleur) comme du pire (Good Morning Vietnam, Rain Man, Sphere), il recycle aujourd'hui son talent singulier, un rien provincial, un rien fragile, dans d'excellentes séries télé, Homicide, Oz. On pourrait parler ici d'une curieuse baltimorisation de la fiction, comme si tout recentrer sur la ville où il est né, Baltimore, permettait à Levinson de ne pas s'abîmer corps et biens dans une américanisation trop obtuse de sa vision du monde. Vision du monde? C'est sans doute chez ces artisans solides, Levinson mais aussi Robert Benton, Richard Donner, Joe Dante, qu'une tradition naguère auteuriste, aujourd'hui singulièrement timide et personnelle, se joue dans les hors-champ des produits les plus commerciaux et les plus niais. Entendons-nous bien: ni la niaiserie ni le commerce ne sont absents ­ heureusement ­ de ces films à vitesse lente qui pillent la tradition hollywoodienne (la bêtise de Capra, le fétichisme du détail de l'Actor's Studio) pour s'abîmer en douceur dans un joli pessimisme daté.

Diner? Un tableau d'Edward Hopper, une jolie mise en scène impressionniste, cinq copains qui passent un peu trop vite de l'adolescence à l'âge adulte, qui n'arrêtent pas d'hésiter. Des acteurs attachants, pas encore prisonniers de leurs automatismes (Steve Guttenberg, Kevin Bacon et même un certain Mickey Rourke), un art modeste de la nostalgie (l'action se passe en 1959, le film sort en 1982), une mélancolie