Jean Daniel a un immense avantage sur les autres réalisateurs de la collection «Un siècle d'écrivains»: il a été, pendant dix ans un ami intime de son «sujet». Ce portrait d'Albert Camus témoigne ainsi d'une réelle complicité, d'une belle chaleur humaine. Jean Daniel assisté de Joël Calmettes reconstituent avec minutie la vie, tout entière tendue vers la recherche du bonheur, de Camus, né en 1913 dans un quartier populaire d'Alger et mort 47 ans plus tard sur une route de l'Yonne. Les deux auteurs rappellent à juste titre que l'Algérie fut le grand bonheur et le grand drame de Camus, un Eden perdu qui irrigue l'oeuvre et l'engagement citoyen de l'écrivain. Cette fidélité à cette patrie, à ses origines prolétaires, aux «gens de peu» de sa jeunesse (qu'ils soient pieds-noirs, arabes ou kabyles) occasionnera bien des ruptures avec le monde intellectuel germanopratin. Car l'auteur de l'Homme révolté eut souvent raison avant tout le monde et donc, contre tout le monde. En mai 1945, alors que Paris fête la capitulation nazie, l'écrivain-journaliste dénonce dans Combat la répression meurtrière à Sétif, réalisant dès cet instant que l'Algérie ne pourra rester française. Pour lui, la fin ne peut, ne doit jamais justifier les moyens: c'est pourquoi il refuse de se voiler les yeux devant les crimes communistes sous prétexte qu'ils prépareraient un monde meilleur, s'attirant les attaques fielleuses de son «ami» Jean-Paul Sartre. Une lucidité inébranlable qui, pour Camus, fut bien pour C
Critique
Camus, mon ami.
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par Samuel DOUHAIRE
publié le 11 décembre 1999 à 2h03
(mis à jour le 11 décembre 1999 à 2h03)
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