«Quatre cent mille albums vendus en 40 jours!, sourit Nagui, lundi
sur Canal +. Ça fait 40 000 albums par jour, un disque par seconde" C'est bien?» Pascal Obispo sourit aussi: «C'est toujours agréable.» L'interview a commencé depuis cinq minutes. Comme toujours avec ce chanteur, il ne se passe rien. L'esprit vacant voyage, calcule, afin d'échapper au vertige. Pour poser ce genre de questions, Nagui est peut-être payé 150 000 francs par mois (1). Ça fait 5 000 francs par jour.
208, 33333 francs l'heure. Ou un demi-centime la seconde. Mais pressons: depuis que cette chronique a débuté, Obispo a déjà vendu quelques disques, et Nagui, gagné trop de sous. Pendant qu'ils causent («Vous êtes plutôt retour à la nature?» Réponse: «Heu, je suis plutôt pour le retour à l'humanité, à l'humanitaire" à l'homme.»), on fixe obstinément la boule à zéro du chanteur. C'est un phénomène de télé: quand le vide s'installe, le moindre détail prend une importance exagérée. Le téléspectateur se jette dessus, le dissèque, le dévore (à moins qu'il zappe ou éteigne, mais il arrive que le néant audiovisuel hypnotise). Ce soir, il voit le trou au sourcil gauche d'Obispo (un piercing manqué, une flamme de briquet?), sa barbiche de Cabrel, les anneaux qui pendent à ses oreilles, les cicatrices sur son crâne lisse de gardien de but de l'équipe de France de chant télévisé. Et soudain, il se passe quelque chose. Une toute petite chose. Nagui parle de Savoir aimer, le tube de Florent Pagny, paroles d'Obispo. Il