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Libération
Critique

La Mort aux trousses. Ciné Cinéma 3, 21 h.

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publié le 15 décembre 1999 à 2h00

Sur Hitchcock, il n'y a jamais eu mieux que Jean Douchet. Il est

aussi très fin quand il parle de Murnau ou de Stroheim, mais sur Hitchcock, il est imbattable. Ça tombe bien: les Cahiers du cinéma viennent de rééditer dans leur Petite Bibliothèque son Hitchcock, publié il y a plus de trente ans. Dialectique prudente, précise, qui a le mieux contribué, mieux que Godard, mieux que Truffaut, à faire entrer la politique des auteurs dans les moeurs. Sur la Mort aux trousses aussi, Douchet est imbattable. Qui se souvient que Cary Grant joue un publiciste? «La publicité, en effet, est la base de la société américaine, la source même de son activité. Pour soutenir et accroître cette dernière, elle doit conditionner la mentalité collective, afin de créer artificiellement en chaque consommateur d'incessants besoins et de nouveaux désirs qui, purement épidermiques, n'ont pas le temps de se développer et se chassent, en s'annihilant, l'un l'autre. Tout devient égal, rien ne possède de vraies valeurs.» Si Douchet s'était seulement intéressé à la fracture télé chez Hitchcock, s'il s'était arrêté en chemin sur ces Hitchcock présente, débarrassés de tout maniérisme, qui annoncent dès 1955 le post-cinéma marchand d'aujourd'hui, il aurait contribué à cette nouvelle grille critique, à élaborer d'urgence du strict point de vue des sous-produits pour enfants qui gouvernent, qu'on le veuille ou non, les Audimats culturels du monde entier. Et si Douchet y contribuait, sans même le savoir? «La publ