Les Power Rangers étaient partis. Plus de robots à l'horizon, plus
de monstres. Les enfants étaient en vacances. Un vieux cinéma passait les Amants du Capricorne, somptuosité datée d'Alfred Hitchcock, sur un écran à taille inhumaine. C'était il y a six mois, jour pour jour. Ses réflexes de spectateur revenaient. Et s'il en savait plus long qu'il ne croyait? Les Amants du Capricorne? Une histoire d'amour vidée de son sang par le Technicolor monochrome de Jack Cardiff. Hume Cronyn? L'un des plus curieux acteurs-scénaristes hollywoodiens, à l'imagination-Quasimodo: repéré chez Mankiewicz (People Will Talk), il invente pour Hitchcock une étrange trame romanesque, rêverie romantique d'un masochisme à la limite du supportable. Ingrid Bergman est maladivement belle, abandonnée à elle-même dans de longs plans un peu solennels, d'une lenteur austère, d'une ferveur religieuse. Aussi seul et abandonné, son amant magnifique, Joseph Cotten, drapé dans sa dignité d'ancien bagnard, aristocrate atypique expiant des fautes qu'il n'a jamais commises.
Les Amants du Capricorne annoncent à leur manière Le Voyage en Italie. Rossellini ne s'oppose pas, comme on l'a souvent dit, à Hitchcock. A eux deux, ils sont le cinéma. Une confidence d'Isabella Rossellini: «Ma mère ne m'a donné qu'un seul conseil en matière d'art dramatique: "Ne fais rien. Mieux vaut ne rien jouer que jouer mal ou à contretemps. On pourra toujours rajouter des violons s'il faut donner de la chair à ton personnage. Les admirateu