Le Chicago Tribune se prépare à mettre en ligne 15 millions
d'articles publiés depuis 1849! C'est le projet le plus ambitieux jamais entrepris par un quotidien pour étoffer son offre sur le Web. Entreprise séduisante: «Avoir des décennies, voire des siècles d'archives informatisées, indexées et consultables sur l'Internet, c'est le rêve de nombreux directeurs de journaux et de bien des universitaires», notait récemment l'éditorialiste Steve Outing dans le magazine spécialisé Editor & Publisher. Mais entreprise insensée: «Comment le journal peut-il s'y retrouver financièrement?», s'interroge le même.
Stakhanovistes. Comment en effet le Chicago Tribune va-t-il s'offrir le luxe de numériser le texte complet ainsi que les photos de chaque «une» publiée entre 1920 et 1984 aucunes archives informatiques n'existant sur l'essentiel de la période? Comment va-t-il faire saisir le texte et scanner les photos de chaque avis de décès et nécrologie publiés depuis un siècle et demi, car le journal de Chicago compte aller jusque-là? Le Tribune est resté discret sur son projet, démarré en juin et évalué à «plusieurs millions de dollars», jusqu'à ce qu'un hebdomadaire alternatif de la Windy City, le Chicago Reader, révèle l'identité des stakhanovistes chargés du chantier: des prisonniers de l'Ohio payés entre 39 et 47 cents de l'heure (environ 2,5 et 3 F) et des typographes travaillant en Inde, avec des salaires comparables.
41 détenus du centre correctionnel Belmont dans l'Ohio passent en