On ne peut pas faire du scolaire sur Radiohead, groupe aux chansons
déstructurées qui cultive, dans ses pochettes ou sur son site Internet (www. radiohead. com), une imagerie intéressante, entre barbouillages d'enfants, flyers techno et collages de textes. Et ce serait faire injure à leurs clips, de vrais courts-métrages décalés. Meeting People Is Easy essaie donc de rendre la complexité de Radiohead en images, c'est-à-dire se veut à la fois trash, mélancolique, autiste, expansif, trituré, réfléchi, présentable et pas formaté, sans rien raconter, mais avec du fond: le documentaire montre le tourbillon de promotion qui a suivi l'album OK Computer, acclamé dans le monde entier, du point de vue très détaché du groupe, constamment ennuyé par les éloges et les devoirs de star: «Hello, this is Colin from Radiohead, and we are on Ouï FM», ou sur une radio lettonne, ou sur MTV. Le groupe a maintenant ses hystériques du premier rang. Thom Yorke n'a même plus besoin de chanter Creep puisque le public le connaît par coeur. Le chanteur tend le micro et regarde, ennuyé, moqueur, les braillards massacrer son hymne. En résumé: «ça te nique la tronche» (ses textes valent mieux que ses interviews). Le réalisateur avait d'excellentes images à sa disposition, mais son montage s'acharne à les triturer, les ralentir, les stroboscoper. Il colorise, surimpressionne, veut à tout prix filmer un concert comme jamais auparavant: des couloirs du Zénith, du fond de la scène ou pendant la balance, devant