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Libération
Critique

Blade Runner. Ciné Cinémas I, 20 h 30.

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publié le 22 décembre 1999 à 2h22

Film culte aujourd’hui, Blade Runner n’a pas vraiment bénéficié à sa sortie d’un engouement critique ou public. Il faut dire que le film de Ridley Scott est sorti en juin 1982, alors que triomphait sur les écrans américains l’ET de Steven Spielberg, son exact contraire. Alors que ET se déroulait dans une banlieue proprette, Wasp, middle-class et ensoleillée, Blade Runner anticipait un monde urbain apocalyptique, cosmopolite, constamment nocturne et pluvieux. Alors que Spielberg faisait d’un gentil gnome extraterrestre un avatar du Christ, Scott montrait l’homme comme un démiurge bien en peine de contrôler ses propres créatures. Surtout, alors que le consensuel ET se voulait divertissement famililal, Blade Runner semblait séduire deux types de public diamétralement opposés: des ados conquis par une esthétique impressionnante, qui allait influencer nombre de films, clips ou pubs à venir; et des amateurs, beaucoup plus adultes, de science-fiction pointue, qui trouvaient dans cette adaptation de Philip K. Dick une interrogation d’ordre métaphysique sur le devenir de l’homme. La force du film, c’est que jamais les afféteries publicitaires de Ridley Scott (usage systématique du contre-jour, sources de lumière changeantes) ne parasitent l’ampleur de cette réflexion. Au contraire, certains partis pris stylistiques (l’omniprésence des écrans et des miroirs, les jeux sur les reflets) contribuent à instiller le doute sur l’humanité des personnages, jusqu’au héros lui-même, un flic du f