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Libération
Critique

La nuit tous les poètes sont gris. Allen Ginsberg, Lou Reed, Kerouac lu par Johny Deep et Brodky par lui-même, une compil hétéroclite venue d'Amérique. «Les Etats-Unis de la poésie», documentaire, Arte, 0 h 30.

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publié le 22 décembre 1999 à 2h22

Premier faux-pas dans les Nuits de la pleine lune d'Arte. ça sent

les vacances. D'abord, cette nuit est presque blanche puisqu'elle ne dure qu'une heure vingt-cinq. Deuxième signe de flemme, les Etats-Unis de la poésie est une émission américaine, diffusée telle quelle. C'est un collage visuel très hétéroclite, sur fond de poésies d'Allen Ginsberg, Lou Reed ou Jack Kerouac, mais aussi nombre de jeunes auteurs peu connus, notemment des noirs et des femmes. Les auteurs lisent leurs textes, ou les textes de défunts sont lus par d'autres. Johnny Depp lit ainsi un texte de Jack Kerouac. Mais en fait, c'est à un clip à peine arty, musique incluse. Sur un poème de Ginsberg, racontant une rencontre amoureuse, défilent des images chromo façon cow-boy Marlboro, avec de la sauce country. Second degré, peut-être, mais c'est barbant. Le slam, ici, se rapproche encore plus du rap, tant on a l'impression de voir une vidéo de Nas (ce n'est tout de même pas Cadillac et bimbos avec Ol' Dirty Bastard). Pour saisir le sel du programme, mieux vaut maîtriser l'anglais, car la poésie est intraduisible. Et une diction singulière fait d'un texte a priori banal une puissante évocation: Joseph Brodsky, lisant A Song, répète «I wish you were here, dear, I wish you were here», d'une voix implorante, comme s'il n'attendait plus que la venue de cette femme pour enfin mourir. Dans ce Boulevard des clips moins les grosses daubes, les meilleurs moment sont les plus simples: l'auteur face caméra, point. On pou