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Libération

Beetlejuice. Paris Première, dimanche, 21h.

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publié le 25 décembre 1999 à 2h18

Le cinéma aime les fantômes, les fantômes aiment le cinéma. Tôt ou tard, les films deviennent des maisons hantées où s’agitent quantité de spectres, acteurs morts qui grimacent encore. C’est ce qui rend si fascinantes les histoires de revenants au grand écran: elles sont de troublantes tautologies. Après cette guillerette introduction, passons au dicton du jour: c’est au pied du suaire qu’on voit le cinéaste.

Méliès fut un technicien supérieur, Mankiewicz (The Ghost and Mrs Muir) un poète méticuleux. Tim Burton réunit ces deux qualités, y ajoutant un brin de fantaisie. Son Beetlejuice (1988) raconte les aventures d’un jeune couple fraîchement décédé (Alec Baldwin et Geena Davis) qui lutte contre l’envahissement de sa maison campagnarde par une infernale famille new-yorkaise (Jeffrey Jones et Wynona Rider). Tout cela est assez joyeux et l’au-delà vu par Burton lève nos dernières réticences à trépasser dans l’instant. Le film vaut d’abord par la confrontation très graphique qu’il établit entre des univers pour le moins contrastés: morts contre vivants, campagne contre ville, rêve contre réalité. A son habitude, Burton ­ ancien animateur de chez Disney ­ s’amuse à renverser les conventions. Couleurs chaudes et joie de «vivre» chez les spectres, couleurs froides et ambiance mortifère chez les vivants. C’est du cartoon à la Fritz Freleng, avec une imagination supérieurement débordante. Toutes les lois du ghost movie sont convoquées par le scénario, pour être immédiatement détourn