Avec la Collection Molière et la diffusion, du 25 décembre au 1er
janvier, des pièces de Molière les plus célèbres, jouées par la troupe de la Comédie-Française, la Cinquième montrera peut-être que la rencontre théâtre/télévision n'est pas tout à fait impossible. Rares ont été jusque-là les expériences concluantes, hormis celle du cinéaste Jean Douchet qui n'essayait justement pas de filmer le théâtre. Perruques et tréteaux passent mal l'épreuve du petit écran et l'inévitable effet carton-pâte dégoûte à tout jamais le téléspectateur d'échanger son canapé moelleux contre un strapontin au Français. Le théâtre à la télévision est en soi une aberration puisque le plaisir des planches se nourrit avant tout du rapport vivant entre la scène et la salle. Le succès d'une telle entreprise réside donc au mieux dans l'envie qu'elle peut susciter d'aller au théâtre. Mardi, devant le Mariage forcé filmé par Stéphane Bertin, non seulement on regarde jusqu'au bout, mais en plus on a envie d'aller voir en direct la mise en scène d'Andrej Seweryn (jusqu'en mars 2000). L'acteur sociétaire s'est souvenu de la commedia dell'arte, où Molière a largement puisé pour bâtir son répertoire de farces. Résultat, des acteurs débridés, un jeu hypertonique, un maquillage et des costumes très expressionnistes. Tout cela s'accommode de la caméra. Et Stéphane Bertin a surtout travaillé en gros plans et plans serrés, champ contrechamp dans la scène hallucinante entre Sganarelle et le philosophe. Au détriment d