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Interview

«Faute de contrôle, l'Etat engage la responsabilité d'intermédiaires». Pour le chercheur Dominique Reynié, l'arsenal juridique actuel n'est pas adapté à l'Internet.

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publié le 27 décembre 1999 à 2h18

Dominique Reynié, chercheur au Centre d'étude de la vie politique

française (Cevipof), a publié le Triomphe de l'opinion publique. L'espace public français du XVIe au XXe siècle (1).

L'Internet induit-il un changement radical de la liberté d'expression?

La liberté d'expression est une formule fameuse mais floue: elle ne permet pas de distinguer la liberté d'opinion et la liberté de communication. C'est cette dernière qui change radicalement de dimension avec l'Internet: un grand nombre de personnes peuvent désormais produire et diffuser leur opinion. L'Internet apparaît d'ailleurs comme la traduction technologique d'un phénomène sociologique et culturel: le niveau général de connaissances a augmenté, le nombre de gens capables de produire un message sophistiqué s'est accru, et voilà qu'apparaît un moyen de court-circuiter les filtres traditionnels. Résultat: l'espace public traditionnel explose.

Des décisions de justice tendent pourtant à remettre en cause cette nouvelle dimension de l'expression publique" L'Internet sort d'une première phase libertaire, avec une reprise en main par le régulateur politico-juridique. Le réseau s'insère dans un mouvement plus vaste qui remonte au XVIe siècle, avec l'imprimerie, puis l'audiovisuel, et aujourd'hui l'espace électronique. Au départ, chacune de ces technologies s'est mise en place sans règles. Cette étape s'achève avec deux types de régulations. L'une est étatico-juridique, avec l'invention de règles. L'autre est issue du marché, car l