Roubaix, envoyée spéciale.
Cherchez le rédacteur en chef, il n'y en a plus. Alignez les chiffres, ils sont accablants: 550 salariés pour 76 000 exemplaires quotidiens, et un déficit qui avoisinera les 40 millions de francs en 1999. Quant au propriétaire, la Socpresse, donc le groupe Hersant, elle menace de mettre la clef sous la porte: dire que Nord-Eclair, et ses douze éditions locales, seul quotidien franco-belge de la presse hexagonale, va mal est un euphémisme. Disparaître? Se faire absorber? Vivre sous une autre forme? Les rumeurs de rachat, pour 1 franc symbolique par Georges Ghosn, qui fit une opération identique avec France-Soir (Libération d'hier) laissent la rédaction très sceptique.
Incertitude. Dans les bureaux de la locale de Roubaix, site où le journal est très bien implanté, l'équipe ne lâche pas prise. Les bureaux dominent la grand-place, avec vue sur la patinoire en plein air installée pour les fêtes. Les journalistes préfèrent travailler ici, dans l'incertitude de l'avenir, que chez l'arrogant et puissant frère ennemi la Voix du Nord. Delphine travaille à Nord-Eclair depuis six ans et demi: «L'esprit de ce journal me plaît davantage, en ce moment, nous travaillons beaucoup sur la Lainière (1). A la Voix, ils en font un traitement très factuel. Ici, c'est plus affectif, on se sent plus libres même si souvent il y a un côté bricolage, improvisation.» Son sentiment est partagé par ses collègues. Pourtant, la Voix du Nord a des atouts: elle annonce cette année u