Menu
Libération

Après coup. Hachis cathodique.

Article réservé aux abonnés
publié le 30 décembre 1999 à 2h13

Pendant les fêtes, règne audiovisuellement le best of. Le best of

n'est ni un inventaire, ni le résultat d'un concours: c'est une sorte d'interminable orgasme d'images vaines. Au déprimé d'entre deux réveillons, il offre un zapping préorganisé de gags, d'invités, d'exploits, de je ne sais quoi et de presque rien livré en vrac, de manière à réveiller son regard qui bande mou. Le téléspectateur entre alors, doublé de chocolats et d'ennui, dans un nouvel espace-temps: un espace où il n'y a plus ni durée, ni continuité, ni même suite dans l'absence d'idées. Il est là comme un surfer livré à une vague: il flotte sur des rires, des gestes, des têtes, sans trop savoir pourquoi ni comment. Les émissions ne semblent soudain avoir été pensées que pour finir comme ça: «bestofisées», mises en guirlandes, hachées menu, dans l'épilepsie blafarde de fin d'année. Le plus fascinant, le plus régulier aussi, est le best of de Nulle part ailleurs, première partie, sur Canal +. Il faut d'abord regarder sans le son: c'est comme suivre un manège chez les Jivaros. On voit passer la tête d'un artiste, d'une minette, d'un animateur, d'un artiste, d'une minette, de l'autre animateur, etc., et l'on devine aussitôt que l'émission est en train de révéler sous nos yeux son sens profond: occuper du temps avec du vide. Ce vide a une tête, n'importe laquelle, qui change toutes les dix secondes: c'est un pâté de têtes. On y remarque, tout de même, une ou deux choses: les allures «ni peigne-ni rasoir» de la plu