Lorsqu'elle décroche le téléphone, Patricia est presque essoufflée. Trop excitée, tout simplement émue. De pouvoir enfin parler, se libérer un peu. En attendant d'être sur l'île, elle n'a pas le droit de toucher mot de cette aventure à dormir debout. Ni à ses amis, ni à sa famille. C'est la première fois que la BBC lui donne l'autorisation de s'exprimer, de déballer le contenu de ses 100 kg de bagages qu'elle embarque dans cet autre monde. Avec elle, ses deux enfants, Jodine et Michael (11 et 9 ans), et les deux chiens. «Ils garderont les moutons qui se trouvent sur l'île» (il y en a 700, ainsi qu'une cinquantaine de cerfs).

Depuis une semaine, elle ne dort plus, «à peine deux heures par nuit». Le week-end dernier, elle était à Londres pour suivre des cours de survie et de première aide, organisés par la chaîne de télé. Une sorte de programme de mise en condition et de résistance à toute épreuve, avec simulation sur le terrain et tests psychologiques («Que faire si"»). Un entraînement de petits soldats, orchestré par Lofty Wieseman, ancien SAS, service secret de l'armée de l'air. La dernière séquence d'exercices avant le grand embarquement. Depuis, l'attente est insupportable. «Je n'en peux plus, je ne peux plus attendre.»

«Savourer la vie.» A 37 ans, cette mère de famille en instance de divorce, qui s'occupe habituellement de personnes âgées et se décrit comme une personne «boute-en-train et pétillante», a décidé de laisser ses 200 hectares et ses quarante