Quand en 1967 paraît La Métamorphose de Plozevet d'Edgar Morin, une
partie des habitants du petit village breton se rebelle. Un journal local titre: «Trahison!» Au cours d'un débat télévisé, le sociologue se fait accuser d'avoir outrepassé ses fonctions de chercheur, péché par indiscrétion et fait passé les gens du village pour une bande d'arriérés qui picolent. Trente-deux ans plus tard, le réalisateur Ariel Nathan revient sur place pour procéder à une sorte d'ethnologie de l'ethnologie, autrement dit évaluer a posteriori l'impact sur les habitants de cette étude sans précédent. Car le succès du livre de Morin a occulté la véritable ampleur de l'enquête qui s'est déroulée à Plozevet au début des années 60 et pendant cinq ans: soit l'une des plus grandes recherches de sciences humaines de l'après-guerre, occupant près de 150 chercheurs de disciplines très différentes (biologie, médecine, sociologie"). Ce Retour à Plozevet parvient à éviter le principal écueil de l'opération: l'entreglose sociologique, qui n'intéresserait que les chercheurs. Or il s'en tient à cette problématique modeste: comment a été vécue l'intrusion de ces savants «bien habillés, venus de la ville» par une population auscultée sous toutes les coutures? Il rencontre les principaux témoins de l'histoire et met à jour, du même coup, les inévitables malentendus, incidents de parcours et autres pieds dans le plat. Ainsi, lors d'une projection publique des films réalisés pendant l'étude, certains habitants dénon