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Libération

Après coup. La dure soeur.

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publié le 4 janvier 2000 à 22h10

Soeur Emmanuelle est peut-être bonne, mais elle n'est pas tendre. Sur

le plateau de Michel Drucker, dimanche sur France 2, l'ange nonagénaire des chiffonniers du Caire tutoie les invités qu'elle a choisis, Delors, Gildas, Chantal Goya, en adjudant de vertu, et comme on remonte ses troupes: au fouet. Sa vieille et rude frimousse se plisse sous l'oeil des caméras avec un plaisir, une science du cabotinage spirituel, que masque mal sa dureté. Cependant, elle a prévenu Drucker: «Pas de superficialité!» Si bien que lorsqu'elle se retrouve, à 19 h 30, face au trio habituel de divertisseurs (Philippe Gelluck, Bruno Masure, Gérard Miller), elle ne joue pas le jeu. Gelluck pose sa première question absurde: «Vous avez dit un jour: "Les pauvres, j'en ai rien à secouer. Je préfère l'alcool et les bagnoles de luxe. Vous étiez ivre, ce jour-là, ou la citation est inexacte?» Elle sourit sèchement, hermétique au second degré, et rétorque, comme à un petit enfant: «Là, tu viens de dire une imbécillité. Passons!» Gelluck est dans les cordes. Masure s'écrase, suant sous le brushing. On rigole sur le plateau, mais pas tant que ça: la soeur a installé une formidable tension que les caméras rehaussent, cadrant serrés les visages. L'émission est un match de catch: super-bonne soeur contre guignols associés, ou le combat de la charité contre la légèreté. Alors, Miller, psychanalyste de profession, bête de médias assez peu béni-oui-oui, attaque. Il parle et écoute bien, lui aussi, sans hésitation et