«Le médiateur est une réponse des médias à leur baisse de
crédibilité. Il exprime un message: notre but, et notre raison d'être, est de servir le public, nous voulons mieux connaître et reconnaître ses désirs et ses besoins, le convaincre de notre bonne foi afin d'accroître un auditoire de plus en plus dubitatif devant le produit qui lui est proposé. C'est une démarche pragmatique.» Ainsi Didier Epelbaum décrivait-il la médiation dans un rapport de février 1998, préalable à la mise en place de la fonction à France 2. A France Télévision, ils sont désormais trois: Didier Epelbaum pour la rédaction de France 2, Marc Francioli pour celle de France 3 et Geneviève Guicheney pour les programmes des deux chaînes publiques. Un an et demi après, bilan d'une expérience unique en Europe (1).
«Je dérange.» «C'est délicat, il faut trouver un équilibre», explique Didier Epelbaum. Les médiateurs de France Télévision essuient les plâtres et ne sont pas toujours bien perçus en interne: «L'objection que je rencontre le plus fréquemment, précise Didier Epelbaum, c'est que je mettrais artificiellement un coup de projecteur sur les défauts.» Face à ceux qui l'accusent de masochisme, il dit avoir fait «le pari que les téléspectateurs sont suffisamment mûrs pour comprendre la démarche». «Et puis, ajoute-t-il, à l'intérieur de la chaîne, il y a une minorité qui est très pour la médiation, une autre très contre, mais la majorité n'a pas d'opinion.» Geneviève Guicheney le dit sans ambages: «Je dérange.