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Libération

Après coup. Court-circuit.

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publié le 5 janvier 2000 à 22h09

La tête inconsciente d'un petit beur handicapé de Trappes gît, de

profil, sur le bitume, un 1er janvier vers minuit. La photo, prise par un pote, s'étale lundi dans les journaux. Ce pourrait être n'importe quelle scène de l'ordinaire de banlieue, les jeunes contre les flics (quoique en général il n'y ait pas de photographe sur place quand ce genre de choses arrive et personne pour en parler dans la presse, sauf en cas de bavure grave). C'est un accroc dans la vie d'un starlet avec gardes du corps et Mercedes à 10 bâtons: Jamel Debbouze, bouffon-mascotte de l'intégration placée sur orbite depuis deux ans par Canal +. Lundi, la chaîne ouvre donc son journal de 19 h 30 sur l'«altercation», un terme vraiment très délicat, qui opposa samedi soir le comique, qu'elle nomme simplement «Jamel», aux CRS. C'est là que, pour le téléspectateur, l'affaire tourne au symbole. Il ignore tout de l'«altercation», le téléspectateur: des actes des uns et des autres; si Jamel était trop agité; s'il roulait trop vite; si les flics l'ont reconnu ou pas; si des Arabes à bord d'une Mercedes les ont excités; qui a insulté qui; quel fut le rôle de l'entourage de Jamel. Mais, ce qui naît de ce brouillard encore humide de virtuel, c'est un télescopage entre deux mondes bien réels: Canal + et TF1 (TF1, qui traite l'affaire en une brève). Le Zébulon pailleté semble être sorti de ses sketches comme on sort de ses gonds. Sur la route, il a croisé des flics qui, eux, jaillissaient plutôt d'un JT de Jean-Pierre