«Je suis pas raciste, mais" et gnagnagna"» Venant d'une mère juive,
cette rengaine donne des haut-le-coeur. Et ce n'est pas tout. «Si on vient d'un même milieu, il y a moins de disputes», dit son mari. Elle surenchérit: «C'est une difficulté en plus, l'homme que ma fille a choisi.» En l'occurrence, un Noir. La fille, Lynette, «se sent proche des Noirs, parce que ce sont des gens qui cherchent leur place». Hélène Lapiower, en interrogeant sa famille, a réussi un magnifique paradoxe: être à la fois intime et universelle. Petite Conversation familiale, qui ne parle que de judéité, devient, à l'instar du film Kadosh, une réflexion sur toute communauté. Peggy s'est libérée du «côté incestueux» de la famille avec un mari napolitain. La grand-mère le trouve «pas propre». Quant à Lynette, véritable pestiférée, «elle a toujours couru avec les schwartze» (schwartz = noir en allemand). Quant à Claude, il est avec une musulmane, ce qui amuse beaucoup Peggy" Les confidences sont violentes, sans aucun fard, puisque chacun parle à la réalisatrice comme à sa soeur, fille ou nièce. Et Petite Conversation familiale est cadré, subtilement monté, résultat minutieux de sept ans de travail, de la part d'une comédienne qui n'avait jamais rien réalisé auparavant. C'est parfois hilarant (mention spéciale à Peggy, qui définit la famille comme une «cacophonie») et très fin dans l'analyse des sentiments rares: les «femmes juives» sont disséquées par les mâles comme «possessives, totalitaires, hystériqu