«On pourrait craindre de se répéter, dit mardi soir Claude Sérillon
avec sa grimace édifiante et bien- pensante de service public, mais tant pis!» Ou plutôt, tant mieux! A la tempête comme à la tempête! Car si vous l'ignoriez, soir après soir dans les JT, la France est en guerre. Elle se bat contre les horreurs commises lors du passage éclair d'une armée d'occupation; d'une tempête qui n'était pas son genre et l'a déstabilisée, mise au rang du Bangladesh (pas tout à fait quand même). Attila-Eole et ses troupes ont ravagé le terroir bien tempéré. Ils ont noyé les fermes, tué le bétail, tombé les arbres, égorgé nos fils (électriques) et nos campagnes. Ils ont commis un crime contre le patrimoine, et surtout, contre la clientèle. Les victimes, cette fois, sont en effet les clients: les clients du JT. Leur douleur est donc mise en scène comme le fut, il y a dix mois, celle des Kosovars: ils souffrent moins, mais eux, c'est nous. Cette tempête est un désastre de proximité. Du pain bénit audiovisuel, donc. Oyez la complainte: «Catastrophe», «traumatisme écologique», «les esprits craquent"», «"obligés de mettre en place une cellule de soutien psychologique"», «il faut remonter le moral des troupes», etc. C'est bien l'état de guerre: le grand zoom sur le traumatisme de cet Hexagone assuré tous risques et si peu habitué aux catastrophes, à l'imprévu. Si fier de ses chênes et clochers, de son passé, de son immobile éternité. Ouragan, Milosevic, même combat, même deuil: la machine à do