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Libération
Critique

A Child Is Waiting, Cinétoile, 21 h 05.

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publié le 7 janvier 2000 à 22h06

Le génie de Cassavetes, si tant est qu'il y ait génie, ne s'envisage

qu'immature, ivre, abruti. Dans A Child Is Waiting, comme dans Gloria, il s'agit d'enfance blessée, irrémédiablement adulte, irrémédiablement infirme. La blessure, comme on dit, est intérieure. Ces enfants-là, le gamin à la voix-Pinocchio de Gloria, les petits autistes en mal d'amour de A Child Is", on n'avait pas le droit de les filmer. On ne doit pas filmer un enfant. Un animal, non plus d'ailleurs. Trop facile, trop difficile. Longtemps, il y a eu une seule exception: Une vie de chien, le Kid, bâtardise géniale de Charlot oblige. On a élargi depuis la licence à la Nuit du chasseur. Après des années de honte, on s'est aussi fait à Balthazar, l'âne de Bresson, et même au Cheval de Donskoï, deux bêtes que deux manipulateurs lyriques ont fait pleurer. Décidément, on devient de moins en moins exigeant. La télé, peut-être, allez savoir. Maintenant, c'est fichu: Deligny, Dardenne, Kiarostami, les Petites Canailles, Shirley Temple, le Magicien d'Oz, Antoine Doinel, Cassavetes" ça, pour mouiller, ça mouille" Passons. Le cinéma est ce qu'il est. Cassavetes a mal digéré le «mauvais traitement» que son producteur, Stanley Kramer, fit subir à «sa» version de A Child is", un scénario pourtant écrit dès l'origine pour un vague téléfilm larmoyant par Abby Mann. Dossier complexe: Kramer, souvent méprisé pour ses films à thèse (Jugement à Nuremberg, Devine qui vient dîner ce soir") est le réalisateur méconnu de deux beaux