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Libération
Critique

Trépasser par la Lorraine. Du social «esthétique» et bien joué. Mais dépressif. «Marie, Nonna, la Vierge et moi», téléfilm, Arte, 20 h 45 (1).

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publié le 7 janvier 2000 à 22h06

Mais d'où vient cet accès de bondieuseries dans les fictions

«sociales» françaises? Après l'Humanité, la Vie de Jésus et celle, rêvée des Anges, voici Marie, Nonna, la Vierge et moi (Dieu?). Autant prévenir: en plus de son titre pompeux, le téléfilm fait tout pour rebuter. ça se passe en Lorraine, et à côté, la Vie de Jésus, c'est Friends. La crise économique aurait-elle à ce point atteint le moral des fils de sidérurgistes pour que Francis Renaud, excellent acteur de Parfait amour, de Catherine Breillat, n'ait que de la déprime à offrir? Bilan du film: quatre meurtres, un suicide réussi, un autre manqué, les autres probables, et un spectateur désolé. Car, comme souvent dans les premiers films, la sincérité est évidente. Francis Renaud raconte les galères de jeunes qu'il connaît probablement, leur envie d'organiser une rave comme ultime échappatoire, et mélange les histoires sentimentales (Tonio aime Marie, mais Céline aime Tonio). Là où ça se gâte, c'est avec Nonna, mère roumaine, alcoolique, porteuse d'un lourd forfait, caricature du personnage cumulard, irrattrapable. L'image, très travaillée dans les contrastes, refroidit volontairement les extérieurs et transforme les intérieurs en bunkers post-IIIe guerre mondiale. C'est peut-être classieux et cohérent mais cela n'aide pas à se rapprocher de personnages déjà pas gâtés par des intrigues tirant vers le glauque. Une ultime scène invraisemblable de massacre familial, avant la rave nihiliste, achève l'espoir. Quelle histoire