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Libération
Critique

Fuck le syndicalisme? Un thriller documentaire pose brillament la question, à travers un conflit social, dans une usine canadienne. «Le Négociateur», Planète, 22 h 50 et le 12 à 10 h, le 13 à 11 h 20, le 14 à 13 h 55.

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publié le 10 janvier 2000 à 22h03

Il y a tellement de «fuck!» et de «bullshit!» dans ce documentaire

qu'un spectateur distrait pourrait facilement s'imaginer plongé au coeur d'un partage houleux de territoires mafieux avec Tony Montana en bout de table. Or, malgré son titre de daube américaine, le Négociateur prétend seulement rendre compte d'une négociation syndicale dans l'usine canadienne du fabricant d'avions De Havilland. Une ambition modeste en apparence qui se transforme vite en véritable thriller syndical, rassemblant l'air de rien les qualités dynamiques et narratives d'un Otzenberger (la Conquête de Clichy), ethnologiques des Strip-Tease (France 3) et même socio-politiques (la difficulté de négocier dans l'écosystème hostile d'une multinationale). Passons sur les détails un peu embrouillés de la négociation. C'est la seule faiblesse du film: on attrape seulement par bribes les composants de l'accord qui fait problème, une augmentation de salaire trop chiche par-ci, un accord de partenariat avec d'autres usines Bombardier (constructeur propriétaire de De Havilland) par-là. C'est indémêlable. Mais l'intérêt du film est ailleurs. Dans la captation particulièrement saisissante de la «cuisine syndicale», de ses conflits et de ses impasses. Pour cela, le réalisateur suit Buzz Hargrove, un négociateur endurci du syndicat des travailleurs automobiles canadiens. Il est normalement rompu aux négos les plus difficiles. Mais là, il tombe sur un os. Plutôt des OS, autrement dit la base, qui refusent de signer l'