Il ne faut pas dix minutes à David E. Kelley pour présenter un héros
de The Practice. Même pas une. Par exemple, en dix secondes, dans un lieu (l'entrée d'un tribunal), Bobby Donnell est présenté: avocat expérimenté, fonceur, inquiet, attentif, buté parce que sincère. Et en dix minutes, c'est l'univers de The Practice qui est cerné: un bureau-capharnaüm, des jeunes associés, leurs procès banalement compliquées, des juges moyennement intègres. Et du jargon, des compromis d'avant audience, des pinaillages sur un alinéa. Barbant? Fascinant. David E. Kelley a trouvé comment parler des cas les plus complexes avec la plus évidente simplicité. Il a réduit les autres séries dont il est l'auteur (Ally McBeal, La loi de Los Angeles) à un squelette: la procédure, rien que la procédure. Ce qui n'exclut pas la chair des personnages, puisqu'ils ne vivent que pour ces procédures. La loi ne leur sert à rien, la vérité n'existe pas, alors la justice se construit à chaque affaire, sur les rapports humains. The Practice, déjà diffusé sur Canal Jimmy, c'est Urgences dans la salle des pas perdus, avec l'avocat angoissant pour sa plaidoirie et en ressortant comme le chirurgien d'une opération à coeur ouvert. En 52 minutes serrés, il y a juste assez pour imbriquer deux ou trois affaires, certaines courant sur plusieurs épisodes, alors pas de scènes inutiles, pas de facilité, à peine du mélo. Pas d'acteur faiblard, et les rôles principaux ont été longuement préparés. The Practice respire l'intime co