Enfance du cinéma, âge d'or hollywoodien où un visage d'acteur
celui d'un tout jeune John Wayne, presque vierge de regard-caméra, miraculeusement beau pouvait encore porter en lui l'empreinte des chefs-d'oeuvre à venir, ceux de Ford, Hawks, Ludwig. On n'en revient pas. On n'en est pas revenu. Trois ans à peine après que Raoul Walsh mise (The Big Trail, 1930) sur cet accessoiriste auquel Ford avait donné deux petits rôles en 1928, John Wayne est déjà presque une vedette. Teenager ébloui, cow-boy immaculé, il passe en quatrième vitesse dans une dizaine de films de son ami Robert N. Bradbury, de vraies séries B d'une cinquantaine de minutes, abrutissantes de simplicité primitive à la Tom Mix, à la Thomas Ince, à la Griffith. The Lucky Texan est l'un des cinq westerns impeccables de Bradbury, un as du muet, qu'Equidia, la chaîne du cheval, nous propose. Une idée pas plus bête qu'une autre pour rester sur la piste d'un cinéma archaïque, émerveillé, solaire.
Deux ou trois mots sur John Wayne, acteur mort trop tôt, à 72 ans. Tragique et comique à la fois, conservateur atypique, réactionnaire mais en même temps antiraciste, fordien en un mot: à partir de Stagecoach, il devient l'acteur fétiche de Ford avec lequel il tourne, entre 1939 et 1963, une bonne douzaine de films, les plus beaux peut-être (Rio Grande, la Prisonnière du désert, l'Homme qui tua Liberty Valance"). Idéalement hawksien (Red River, Rio Bravo), il est aussi impeccable chez Wellman ou Hathaway, avec lesquels il