Réaliser une comédie articulée sur un soudain vieillissement ou
rajeunissement des personnages est un exercice casse-gueule. Car passé un certain cap disons 35-40 ans , le spectateur est peu enclin à rigoler franchement de sujets touchant à l'âge et au temps qui passe. Bref, aux occasions perdues. En l'espace de quelques jours, deux chaînes en clair nous auront proposé en prime time d'intéressantes variations sur ce thème: Jack de Francis Ford Coppola (mardi sur TF1) et Chérie je me sens rajeunir de Howard Hawks (ce dimanche sur Arte). Le premier film (de 1996), fable laborieuse et sentencieuse, nous montrait un enfant de 10 ans se retrouvant dans le corps d'un homme de 40 et quelques années (Robin Williams). D'où quiproquos. Le second (de1952), délicieuse fantaisie d'un incurable optimiste, met en scène un homme de 40 et quelques années (Cary Grant) se retrouvant avec l'âge mental d'un enfant de 10 ans. D'où quiproquos. A l'image, c'est du pareil au même. Sauf que Coppola tire tout son film vers cette lourde conclusion: «Eh les gars, profitez de votre jeunesse tant que ça dure», quand Hawks entreprend, lui, de nous démontrer que: «On ne vieillit que lorsque l'on oublie d'être jeune.»
Francis, tu nous fais flipper. Oublie la comédie: tu es bien meilleur quand tu te prends pour Orson Welles. Nettement plus à l'aise dans un registre léger, Howard ne nous accable pas et surtout réalise un film vif et subtil. Le chimiste Cary Grant y file un amour bien rodé avec sa femme Ginger