Après son Don Giovanni black mangeant des burgers et se shootant
dans un Spanish Harlem taggé (samedi dernier) et en attendant ses Noces de Figaro téléportées dans la Trump Tower de Manhattan (diffusion samedi prochain), place au deuxième volet de la trilogie Mozart-Da Ponte montée par Peter Sellars dans les années 90 (1), et filmée par ses soins. Ce soir donc, un Cosi Fan Tutte qui dépote, puisque passé l'ouverture filmée au bord d'une plage puis dans les rues de Los Angeles, l'action prend place dans rien moins qu'un diner avec banquettes en plastique vert, carrelages et chromes, et surtout des personnages de pure sitcom. Lorsqu'on l'interrogeait à l'époque sur cette hérésie, Sellars répondait placidement que ces opéras étaient vécus lors de leur création comme des événements contemporains et donnés dans des vêtements de tous les jours. Pour chanter Mozart, il avait choisi «des voix formées au lied et aux cantates de Bach, légères et vives, des chanteurs possédant un grand sens du rythme, capables de chanter précis et vite». Pas de stars du lyrique donc, mais des chanteurs-comédiens particulièrement investis comme les sopranos Susan Larson et Jeanne Ommerle, la mezzo Janice Felty, les barytons Sanford Sylvan, Eugene Perry et James Maddalena, la basse Herbert Perry et le ténor Frank Kelley, l'orchestre symphonique de Vienne étant dirigé par Craig Smith. Dans les années 90, cette façon de relire le XVIIIe siècle à travers le prisme du melting-pot culturel californien avait